Renée Jeanne

FALCONETTI

Renée Jeanne Falconetti, née à Pantin le 21 juillet 1892 et morte à Buenos Aires le 12 décembre 1946, est une actrice française de théâtre et de cinéma.

EIle commence très jeune par le théâtre classique avant de passer au boulevard.
Et rien ne semble la destiner au cinéma.
Il faut que Carl Theodor Dreyer la découvre sur scène et tombe sous le charme.
Le cinéaste veut absolument « La Falconetti » pour son prochain film « La Passion de Jeanne d’Arc » (1928) avec Antonin Artaud et Michel Simon.

Falconetti est un cas unique du cinéma puisque sa carrière ne compte en tout et pour tout qu'un seul film ! (Si l'on excepte sa participation à deux court-métrages à l'age de 16 ans)

Un seul film, mais pas des moindres. Il s'agit d'un authentique chef d'oeuvre : « La Passion de Jeanne d’Arc » de Carl Theodor Dreyer.

À l'origine, il songeait à Madeleine Renaud ou à Marie Bell pour le rôle principal, tandis que la production voyait Lillian Gish.
C'est dire si la rencontre de Falconetti avec Dreyer est providentielle pour l'actrice.Pourtant, pour son premier tournage, la jeune femme aura fort à faire pour incarner le rôle de «la pucelle».

Car Dreyer est intraitable et exigeant.

Il veut que son film sonne juste et il demande d'épurer au maximum la mise en scène.

S'ensuivent des séquences extrêmement pénibles:

Falconetti offre une vision terrifiante de la sainte:
Elle reçoit de vrais crachats à la figure, il lui est interdit de manger, elle se retrouve enfermée pour de bon dans un cachot, et surtout, Dreyer insiste pour que ses cheveux soient réellement tondus devant la caméra.

Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'actrice se dévoue totalement à la cause du film et à son auteur.

Plusieurs témoignages de techniciens présents à la séance de coupe, qui eut lieu en studio, racontent à quel point la pauvre Falconetti était désespérée.

Elle pleurait beaucoup et demandait à cor et à cri la plus chère des perruques.
Dreyer essayait en vain de la consoler et toute l'équipe lui offrait des fleurs.

Son interprétation est peut-être la plus impressionnante du cinéma muet.

Il est vrai que le résultat est véritablement extraordinaire : la composition de Falconetti, dépourvue d'artifices, les véritables humiliations qu'elle subit au tournage, lui permettent d'exprimer à la perfection la vision de l'auteur, celle d'une Jeanne d'Arc souffrante et persécutée.
Du jour au lendemain, Falconetti devient l'un des «monstres sacrés» les plus prisés.

Mais étrangement, elle préfère se tenir éloignée du cinéma et s'installe définitivement en Argentine (1943) à Buenos Aires où elle se donne la mort le 12 décembre 1946
Ses restes reposent au cimetière Montmartre à Paris dans un caveau de famille.

Elle restera dans les mémoires cinéphiliques pour avoir été la bouleversante interprète de Jeanne dans le film La Passion de Jeanne d'Arc de Carl Theodor Dreyer.

Le Film

« La Passion de Jeanne d’Arc » a pour argument le récit du procès de Jeanne d’Arc en 1431, où elle fut accusée d’hérésie par des juristes ecclésiastiques décidés à lui faire abjurer ses prétentions de visions saintes, et au terme duquel elle fut brûlée sur le bûcher.
Avec une solide distribution comprenant Michel Simon, Jean d’Yd ou Alexandre Mihalesco, on retiendra surtout chez les partenaires masculins la composition d’Antonin Artaud, charismatique Jean Massieu.
Le film reste la plus belle inspiration cinématographique du mythe de Jeanne d’Arc, quelles que soient les qualités de films proposés par des cinéastes tels Robert Bresson, Otto Preminger ou Jacques Rivette.

PS 1: Longtemps invisible à cause d’incendies ayant détruit le négatif, La passion de Jeanne d’Arc a été restauré dans les années 80 grâce à une copie miraculeusement trouvée dans un hôpital psychiatrique d’Oslo.

PS 2: La fille de Falconetti, Hélène, marquée par le décès tragiquement prématuré de son fils Gérard Falconetti (1984), lui aussi comédien, écrira un livre émouvant publié en 1987 aux éditions du Cerf pour rendre hommage à Renée et à son petit-fils. Mais cet ouvrage n’est plus disponible.

Carl Theodor Dreyer